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Congrès Le vice-président bio de la FNSEA se paie Biocoop

© P. Pavard/GFA

Lors d’une table-ronde consacrée à la montée en gamme de l’agriculture lors du congrès de la FNSEA ce mercredi à Tours, Étienne Gangneron a reproché à l’enseigne de se construire sur le dénigrement de l’agriculture conventionnelle plutôt que sur les propres valeurs du bio.

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Lors d’une table-ronde consacrée à la montée en gamme de l’agriculture, Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA, mais aussi producteur bio dans le Cher, s’en est pris vivement à ceux qui profitent de l’agriculture « bashing » et en font leur fonds de commerce.

« Des gens qui font depuis toujours de la communication négative »

« Dans ma propre filière à laquelle j’appartiens, la filière bio, je peux vous dire qu’il y a des gens qui font depuis toujours de la communication négative sur l’ensemble de l’agriculture uniquement pour vendre mieux leurs produits. Il n’y a qu’à voir une enseigne comme Biocoop qui fait des campagnes régulièrement en disant l’agriculture conventionnelle, c’est de la merde. Donc achetez du bio. Moi la communication je ne la vois pas comme ça, je ne la vois pas en termes de dénigrement, notamment quand on est sur des produits bio qui ont autant d’aménités en tant que telles, sans avoir à dénigrer les autres. Les gens qui communiquent de cette manière-là, moi cela ne m’intéresse pas. »

Et Étienne Gangneron de préciser qu’avant, il livrait à Biocoop, mais qu’il a arrêté pour vendre dans un magasin de producteurs.

Agribashing franco-français

Plus largement, il a expliqué que la radicalité de certaines ONG qui « quand même globalement nous veulent du mal » était difficile à vivre. Et de prendre l’exemple du bien-être : « Quand on est éleveur et que l’on essaie de bien faire son métier, et que l’on nous dit : “vous êtes un criminel”, il y a un moment donné, nous ne pouvons pas accepter ce message-là. De même, quand on nous dit : “il faut supprimer l’élevage” sans se poser aucune question sur l’équilibre territorial ou environnemental. Il y a des acteurs dans le grand cirque médiatique qui ont une place tellement radicale qu’elle est insupportable pour nous. »

Le vice-président de la FNSEA a relevé la contradiction qu’il y avait entre cet « agribashing » franco-français prégnant et l’importante attractivité qu’exercent nos produits agricoles à l’étranger, la Chine, le Vietnam, le Japon par exemple désirant de plus en plus des produits français. « On a quand même l’impression d’être un peu schizophrène ! »

Début de la reconstruction d’un modèle alimentaire

Selon lui, il faut quand même être positif car on est au début de la reconstruction d’un modèle alimentaire avec des initiatives (circuits courts, marché de pays) qui se multiplient sur le territoire pour rapprocher les consommateurs et les citoyens des producteurs. Mais « cela va être difficile et long » car un fossé s’est creusé en 40 ans entre une société française urbanisée à 80 % et son agriculture avec beaucoup d’ignorance…

Pour autant, il ne faudra pas tout accepter dans la demande des citoyens. Selon Étienne Gangneron, celle-ci peut parfois être un peu folle comme cette Amap qui se félicitait de vouloir faire vivre un producteur avec seulement 50 paniers par semaine ! « Ça veut dire qu’une Amap avec une considération citoyenne très forte derrière est prête à mettre un producteur dans la misère. On voit des exemples comme cela tous les jours ! Ce n’est pas le système de l’Amap en lui-même qui est remis en cause mais cette espèce de vision de la toute petite agriculture qui est géniale, que le “small is beautiful” et l’incompréhension totale de ce qu’est une entreprise, sa capacité d’autofinancement, à investir, à embaucher. Évidemment, il va travailler 12 heures par jour, gagner 400 € par mois mais c’est de l’esclavage… »

Philippe Pavard

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